Ce numéro 55 de la revue América poursuit sous un jour plus spécifiquement politique les travaux du numéro 54, consacré à « Écritures, paroles et espace public en Amérique latine ». Comment investir l’espace public, celui de la cité, mais aussi celui de la blogosphère ? Comment se faire entendre sous des régimes autoritaires ou sous les nouvelles tyrannies que sont les politiques néo-libérales ? Visuelles, ludiques, poétiques, les interventions dans l’espace public étudiées ici se situent entre artivismo et performances. Elles concernent l’action théâtrale sous ses formes les plus radicales, inattendues et contestataires, qui aspirent à rendre visibles des secteurs de la population en souffrance identitaire, culturelle, sociale et politique. Ainsi, l’espace public semble appartenir à celles et à ceux qui l’occupent, à l’instar de la terre dans la célèbre devise révolutionnaire d’Emiliano Zapata : « ¡ La tierra es de quien la trabaja ! ». Aussi, quoique les usages contemporains de l’espace public en Amérique latine, mêlant l’art à la politique, s’inscrivent dans une dynamique mondiale, ils n’en demeurent pas moins héritiers de traditions culturelles multiples, se distinguant par leur originalité syncrétique.
Existe- il des spécificités de l'espace public latino-américain? Le n° 54 d'América propose une réflexion commune sur l'évolution de l'espace public en Amérique Latine du 19e siècle à nos jours. L'espace public concret, physique, de la cité ainsi que l'espace virtuel, sont avant tout producteurs de discours, lieux du consensus ou dissensus. En Amérique latine, le développement des espaces démocratiques et la constitution des espaces publics de prise de parole au 19e siècle, répondent à des rythmes propres. Depuis l'Indépendance, la rue, le théâtre, la presse, la photographie, façonnent l'espace public. Pour une période plus contemporaine, la révolution numérique a permis l'extension de l'espace public à l'espace virtuel mondialisé, le sous-continent partageant dès lors avec d'autres aires géographiques, culturelles et politiques des modes de constitution et d'usages communs.
A fin du XXe siècle, tandis qu’en Europe la chute du mur de Berlin et l'entrée en vigueur des accords de Schengen permettent l’ouverture des frontières au sein de l’Union Européenne, outre Atlantique est signé un Accord de Libre Échange Nord-Américain entre le Canada, le Mexique et les États-Unis. La notion de frontière, espace d'échanges mais aussi de tous les périls, se voit ainsi revisitée. Avec cette nouvelle livraison, le numéro 53 de la revue AMÉRICA poursuit une réflexion au long cours sur ce sujet, en proposant de nouvelles perspectives sur les imaginaires littéraires de la frontière nord du Mexique, laquelle a longtemps concentré la problématique Nord-Sud, ainsi que sur ceux d'autres frontières latino-américaines, extra ou intra-territoriales. La question de la frontière est également posée en termes linguistiques — une Nation, une langue ? — ou encore anthropologiques et artistiques, lorsqu’il s'agit de recueillir les paroles migrantes ou de s'interroger sur l'existence d'une esthétique de la frontière.
Le numéro précédent d’America a éclairé les enjeux contemporains de la mémoire des violences politiques, celles de la dictature en Argentine mais aussi celle de la revendication ou de la déconstruction mémorielles de régimes révolutionnaires, au Venezuela, à Cuba, au Mexique. Il a permis de comparer, sous la notion de réparation, l’histoire de ces violences avec d’ultérieures étapes d’apaisement ou de conciliation entre intérêts contraires tout autant qu’entre mémoire collective et mémoire individuelle.
Dans ce numéro 52, seconde livraison d’America sur les « Poétiques et politiques de la mémoire », les différentes contributions poursuivent donc le travail d’analyse entrepris dans le numéro 51 tout en mettant davantage l’accent sur les poétiques de la mémoire et sur les gestes artistiques qui répliquent aux traumatismes de l’histoire récente des pays latino-américains. Ainsi, tandis que les interventions artistiques se font manifestations citoyennes, la quête de formes romanesques et testimoniales prétend exprimer au plus juste les expériences collectives ou individuelles vécues lors des dictatures militaires, des conflits armés internes ou causées par la violence sociale liée au crime organisé dans un contexte où l’État se montre impuissant voire consentant.
Ce premier volume est consacré aux poétiques et politiques de la mémoire en Amérique latine. A partir des années 1990, tant au niveau institutionnel, national que privé, s’élabore un « récit mémoriel » sur les événements historiques récents qui ont marqué le sous-continent : Révolutions, Dictatures du Cône Sud, Terrorisme. Ce récit mémoriel polymorphe – performance artistique, écriture de l’intime, témoignages, support iconique, film, récits oraux dans le cas des mémoires aborigènes – pose aussi la question d’un avenir, celui de la réparation, de la réécriture de l’Histoire, de la Mémoire contre l’oubli.
Ce numéro 47 d’América est consacré à l’enfermement. Dans une première partie, est exploré ce que semble susciter tout enfermement contraint : l’écriture, signe d’un changement d’assujetissement, un autre nomos grâce auquel le sujet se re-saisit, dans l’épreuve de sa libération symbolique.La deuxième partie s’ouvre à d’autres modes d’enfermement à partir d’espaces « concrets », qu’il s’agisse de la maison close, de l’hôpital ou de la chambre, comme autant de possibilités d’investissement hétérotopiques.Enfin la troisième partie concentre la réflexion sur les « mondes » issus de la clôture du langage, que ce soit dans la fiction narrative, l’espace pictural ou poématique, que cette dynamique soit « mondaine » au sens phénoménologique (perception, intersubjectivité), spéculative ou métaphysique.